Lettre d'une citoyenne en colère
Nous venons de recevoir cette lettre d'une citoyenne en colère. C'est avec grand plaisir que nous la partageons avec vous. Si vous aussi, vous avez la plume citoyenne, n'hésitez pas à nous transmettre vos écrits.
Dimanche 22 mai 2011
Monsieur le président de la République française,
Je vous écris depuis mon château du 9-3 cette missive que vous lirez peut-être ou un de vos sbires s’en chargera pour vous. Le soleil est bien caressant en ce dimanche d’un décidément bien joli mois de mai.
Ça me plaît, attablé devant mon parc, de coucher une petite mise au point à un an de l’échéance républicaine qui nous attend Tous.
Alors qu’on continue à saigner ces pauvres Européens, vous claironnez à la face des ouvriers de notre douce France que les augmentations salariales ne sont pas possibles. Et ce, quelques mois à peine après les avoir mis à l’amende, question retraite.
Remontons un peu le cours de votre satanée arrivée, monsieur Sarkozy.
N’est-ce pas vous qui vous êtes octroyé quelque 170 % de rallonge, à peine débarqué dans notre Élysée et ce, avec nos bien maigres deniers ?
Passons aux basanés révoltés qui vous effraient tant. « Un ça va, trois, bonjour les dégâts », avait chantonné votre ministre de l’Intérieur précédent.
L’actuel, un certain Claude Guéant, que vous avez déniché je ne sais où – je veux dire avant qu’il ne soit votre dévoué valet –, lui, les trouve dérangeants voire expulsables de suite, voire emprisonnables au plus vite.
Peut-être même coulés à la mer, avant qu’ils n’atteignent nos côtes européennes.
C’est pour notre bien à nous les Frenchy, que vous prenez décidément pour des abrutis?
Petit rappel sur les Français d’en bas que vous saignez à tout va : salaires qui baissent, retraite qui s’éloigne, pouvoir d’achat en berne avec du pain et des légumes devenus luxueux, insécurité en hausse, cernés que nous sommes par les radars, les gendarmes, les CRS, les contrôleurs de la RATP ou de la SNCF, jusqu’aux vigiles de chez Carrefour.
Vous n’y avez sûrement jamais mis ne serait-ce qu’un doigt de pied, alors permettez-moi de vous éclairer un brin sur l’ambiance qui règne dans les grandes enseignes : des clients de plus en plus pauvres errent dans les rayonnages à la recherche d’une bonne affaire, quand les prix s’affolent de toutes parts ; Ils doivent avant ça négocier au mieux avec le cerbère à l’entrée de la caverne de Lars Olofsson, si par malheur, ils ont effectué un achat ailleurs. « Cachez cette marque étrangère que je ne saurais voir et n’en profitez pas pour barboter une brique de lait », semble nous dire le vigile. Vient ensuite, le tour de la caissière, exténuée par tant de paquets à faire passer devant l’enregistreuse, les petits coupons de cadeaux à ne pas oublier d’offrir aux clients qui en laissent pour leur argent. La roue tourne…
Non seulement, on compatit mais on enrage : cette modeste citoyenne fait aussi ses courses. Chez son patron, c’est plus pratique. Mais par là même, elle l’engraisse encore un peu plus le milliardaire avec son misérable Smic.
Tiens, les smicards aussi sont à l’amende.
Mais que dire des tire-au-flanc qui se la coulent peinards avec leur 400 euros (et des broutilles) mensuels de Revenu de solidarité active ?
Un autre de vos vassaux, en charge des Affaires européennes, les trouve trop oisifs et veut les faire suer 4 jours par mois, gracieusement. Eh bien, les bras m’en tombent, voyez-vous ?
Mais avant ça, il y a eu ma voix affectée par tant de futurs mégots – je ne parlerai de la hausse du prix du tabac qu’en présence de mon médecin –, mes yeux se sont fatigués à voir, impuissant, les robocops déloger à coup de matraques les galériens du monde occidental que sont nos chers nomades. Européens avant l’heure, faut-il vous le rappelez ?
Alors, qu’avec nos impôts, vous vous gaviez impunément et vos larbins en sus, que vous dilapidiez notre très cher Trésor public pour faire tuer nos jeunes soldats en Afghanistan, sans un kopeck pour nos frères de Tunisie, de Syrie, d’Egypte, d’Haïti, de Madrid, de Belfast, de Porto, d’Athènes, d’Avignon, de Grigny, de Paris, je trouve ça proprement scandaleux.
Un conseil, monsieur le président de notre République, fuyez au plus vite vous dorer la pilule à Rome ou en Côte-d’Ivoire, avant que ça ne barde vraiment.
Nous, français, de tous les pays et de toutes les religions, sommes prêts à mordre dans le vif du sujet. À savoir la fermeture la plus hermétique possible à la finance et à ses fiancés mal parvenus, dont vous êtes, qui entendent toujours saigner les peuples. Comme le résumait si justement un enragé du côté de Censier, il y a quelques années : « L’économie est blessée, qu’elle crève ! ».
Bonne sinécure, monsieur Sarkozy, plus qu’un an à tenir, c’est long je sais mais ça va être très, très, très bon.
Soignez votre progéniture que vous n’oublierez pas de mener par-devers vous, ainsi que votre Carlita et sa guitare.
Bon vent !
Une citoyenne en colère